par Irene van der Zande, fondatrice du programme Kidpower et directeur exécutif Californie
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- Le ‘ Pouvoir de se calmer ’
- Retirer leur pouvoir aux mots déclencheurs
- Le ‘ Pouvoir de la moustiquaire ’
- Le ‘ Manteau de pluie émotionnel ’
- La technique du ‘ C’est faux ! ’
- Le ‘ Pouvoir de la Poubelle-à-mots Kidpower ’
- Le ‘ Pouvoir du cœur ’
- Ajuster sa distance émotionnelle
- Le ‘ Pouvoir de confier son stress ’
- Partir avec amour ou affection
- ‘ Changer son angle de vue ’
- Écouter avec les ‘ Yeux du cœur ’ pour entendre avec compassion
Pourquoi avons-nous besoin d’outils en matière de sécurité émotionnelle ?
Nos déclencheurs émotionnels sont des pensées, des mots, des gestes ou d’autres stimuli qui génèrent des décharges émotionnelles dans notre tête et/ou notre corps.
- Lorsque les émotions nous bouleversent, il est difficile de penser clairement ou de faire des choix judicieux.
- Les déclencheurs émotionnels positifs peuvent mener à vouloir absolument plaire à une personne ou à intégrer un groupe au point qu’on peut oublier ses propres limites, son bien-être ou ses valeurs.
- Les déclencheurs émotionnels négatifs peuvent nous submerger de sentiments de colère, de peur, de tristesse, de déception ou d’épuisement.
- Bien que ce soit naturel d’avoir des émotions, nous sommes plus en sécurité lorsqu’on arrive à les maîtriser plutôt que de les laisser nous contrôler.
- S’entraîner à voix haute et faire les gestes des habiletés Kidpower aide notre mental à se rappeler à utiliser ces habiletés dans la vie réelle.
Voici les douze pouvoirs de Kidpower en matière de sécurité émotionnelle à tout âge :
1. Le ‘ Pouvoir de rester calme ’ pour se recentrer dans son corps. Pour pratiquer, joindre ses paumes de mains l’une contre l’autre, puis tourner les doigts jusqu’à toucher le poignet de la main opposée. Pousser ses paumes l’une contre l’autre. Redresser son dos. Ressentir où sont ses pieds. Prendre une respiration lente et profonde et expirer, lentement et tranquillement.
Imaginer que l’on est énervé, prêt à sortir de ses gonds. Utiliser maintenant la technique du ‘ Pouvoir de rester calme ’. Visualiser une image apaisante, avec une musique douce. Se dire sereinement : « Je reste calme ».
2. Retirer leur pouvoir aux mots déclencheurs pour éviter de donner trop d’importance à tous ces termes. Écrire la liste des mots ou des phrases qui nous énervent. Les dire à haute voix encore et encore, en alternance avec votre plat, activité ou lieu de vacances préféré. Par exemple : « Minable ! Pizza !… Minable ! Apéro ! …. Minable ! Tahiti ! »
3. La ‘ Moustiquaire Kidpower ’ aide à filtrer les insultes ou les menaces et à saisir des informations utiles. Penser à une grille sur une porte ou une fenêtre qui laisse passer l’air frais et empêche les insectes d’entrer. Croiser les doigts comme une moustiquaire et regarder à travers les interstices.
Pour s’exercer, imaginer quelqu’un qui parle d’une manière impolie ou menaçante. Faire le geste de la ‘ Moustiquaire ’ pour se rappeler de laisser l’insulte et le mépris loin de soi, tout en laissant entrer des remarques utiles qui aident à résoudre le problème. On peut également utiliser la ‘ Moustiquaire ’ de la sécurité émotionnelle pour éviter d’être submergé par les actualités télévisées. Ne laisser entrer que les informations utiles à se rappeler, sans se laisser bouleverser par l’intensité, ni les détails, ni se laisser entraîner par l’envie de regarder.
4. Le ‘ Manteau de pluie émotionnel ’ aide à se protéger lors d’une « tempête émotionnelle » quand le ‘ Pouvoir de s’éloigner ’ est impossible à appliquer. Peut-être que celui qui est en colère contre vous est votre chef, un parent, un enfant ou un client. Si on ne se protège pas sur le moment, on risque probablement de se sentir accablé par la suite. Se rappeler qu’un imperméable aide à garder son corps au chaud et au sec sous une pluie battante.
Maintenant, on peut imaginer un ‘ Manteau de pluie émotionnel ’ pour aider son esprit et son corps à rester calme et paisible quand quelqu’un nous crie dessus.
Pour s’entraîner, utiliser un miroir ou prendre un partenaire, en échangeant les rôles entre celui qui crie et celui qui s’exerce. La personne fait semblant d’être en colère en pointant du doigt, en fronçant les sourcils, en faisant des gestes agressifs et en criant sur un ton très énervé « BLAH ! BLA ! BLA ! Toi, tu fais TOUJOURS … BLA ! BLA! JAMAIS, tu ne… BLA ! BLA! Je ne peux plus SUPPORTER quand tu… BLAH ! BLA! BLABLA! »
On s’exerce alors à se protéger de la tempête émotionnelle de l’autre. On fait semblant de mettre son imperméable. Et sans attendre que l’autre personne reprenne son souffle, dire à haute voix des mots qui désamorcent, comme : « Je suis triste que tu ressentes ça. … Je tiens beaucoup à toi. … Je comprends…. j’ai pas les mêmes souvenirs. … On peut dire qu’on n’est pas d’accord. … Tu es très important pour moi. »
Ou on peut aussi simplement hocher la tête et dire : « J’entends ce que tu me dis »
Si quelqu’un nous crie dessus au téléphone, on peut imaginer porter son imperméable puis laisser le temps s’écouler… Tôt ou tard, il s’essoufflera. Si on fait cet exercice avec un partenaire, on peut remarquer comment, quand on joue le colérique, il est difficile de rester en colère quand l’autre reste calme.
5. La technique du ‘C’est faux’ pour arrêter d’encaisser des mots blessants qui mélangent à la fois des choses VRAIES et des choses FAUSSES.
Faire une « barrière » en mettant ses mains devant soi, à hauteur de la taille, avec les paumes tournées vers le ciel tout en gardant les coudes pliés. Ce geste nous aide à définir une limite. Puis dire d’une voix ferme « C’est faux ! » quand on entend des dénigrements, du style :
- « Tu es horrible parce que tu es différent. »
- « Tu ne vaux rien ! Regarde tous les problèmes que tu as. »
- « Tu n’es plus mon ami si tu ne fais pas ce que je veux. »
- « Tu es moche, regardes ta dégaine. »
- « Tu es un bébé si tu pleures. » (Même les enfants 3 ans crieront joyeusement : « c’est faux ! »)
- « Personne ne s’intéresse à moi car je suis ___(trop vieux / jeune / handicapé / pauvre). »
6. Le ‘ Pouvoir de la Poubelle-à-mots ’ Kidpower peut aider à se protéger émotionnellement contre les mots blessants, qui sont dits par les autres ou par soi-même.
Souvent, ignorer simplement les injures ne fonctionne pas. Ces mots et ces images peuvent rester bloqués dans son cœur ou ses pensées et y tourner en boucle très longtemps. Plutôt que de supporter cela, on peut imaginer jeter ces mots dans une poubelle puis les remplacer par des mots réconfortants dans nos cœurs.
Pour s’exercer, mettre une main sur sa hanche. Le vide délimité par le bras forme la ‘ Poubelle Kidpower ’. Avec l’autre main, « attraper » les mots blessants devant soi puis les jeter dans la poubelle ! Maintenant, se dire quelque chose de positif et réconfortant. Croiser ses mains et les poser sur son cœur. Utiliser son ‘ Pouvoir du coeur ’ pour se dire des mots qui font du bien.
Par exemple, imaginons que l’on se dise : « Je me sens tellement bête d’avoir fait cette erreur. » Attraper et jeter les mots « tellement bête ! » Maintenant, poser les mains sur le cœur et dire à haute voix : « Faire des erreurs fait partie de l’apprentissage. »
Penser à d’autres exemples de mots blessants qu’on veut jeter et des mots positifs qu’on peut se dire. On peut également utiliser une vraie poubelle ou imaginer faire le geste de jeter dans sa tête.
7. Le ‘ Pouvoir du cœur ’ nous aide à accueillir des mots agréables dans nos cœurs, à protéger nos cœurs des propos qui blessent et à utiliser nos cœurs pour nous relier les uns aux autres.
Pour s’entraîner, prendre des mots valorisants et les déposer dans son cœur.
Maintenant, imagine qu’on te dise des mots blessants. Poser alors les mains sur le cœur afin de bloquer ces mots. Puis à partir des mains sur la poitrine, les ouvrir comme pour imaginer le cœur se relier aux autres.
8. ‘ Ajuster sa distance émotionnelle ’ quand on discute avec un proche qui oscille entre sympathie et méchanceté. Quand une personne qui nous est chère nous agresse, ça peut être vraiment blessant si on reste émotionnellement reliés, en gardant le cœur et l’esprit grands ouverts. Sinon, on peut imaginer s’éloigner physiquement, tout en prenant un peu de distance émotionnelle.
‘ Ajuster sa distance émotionnelle ’ signifie être capable de laisser quelqu’un d’autre avoir le dernier mot, changer de sujet, ou tout simplement ne pas répondre à une insulte ou à un ton agressif.
Cela peut également signifier qu’on choisit de ne pas lire la presse, ni de se connecter aux réseaux sociaux, au cas où les sujets abordés sont bouleversants, accablants ou tout simplement pas bons pour son état émotionnel.
On peut s’entraîner à ‘ ajuster sa distance émotionnelle ’ avec un miroir ou un partenaire. Se placer près du partenaire, puis imaginer qu’il fait des grimaces et des bruits grossiers.
D’abord, reculer en silence, puis placer les mains sur son cœur et utiliser le ‘ Pouvoir du cœur ’ afin de protéger ses émotions, tout en s’éloignant physiquement. Ensuite se rapprocher à nouveau du partenaire ou du miroir. Faire comme si on s’éloignait en disant des choses apaisantes comme : « Merci de me l’avoir dit »… Et changer de sujet, « Belle journée, n’est-ce pas? …. Si on cuisinait un gâteau ensemble ? »
Il y a aussi des moments où ‘ ajuster la distance émotionnelle ’ peut protéger les autres… de soi-même, les jours où on est bougon ! Rester loin des gens au lieu d’être agressif avec eux permet de se donner de l’espace et du temps. On peut alors utiliser d’autres techniques de sécurité émotionnelle pour se calmer et gérer nos émotions en toute sécurité.
9. Le ‘ Pouvoir de confier son stress ’ signifie transmettre son inquiétude à quelqu’un ou à quelque chose d’autre. On peut demander à un ami de stresser pour soi quand on se sent nerveux. On peut aussi proposer de le faire pour quelqu’un qui nous est cher et qui traverse une période difficile. On peut aussi imaginer de donner ses soucis à un arbre, un rocher ou une marionnette…
Pour pratiquer, on peut dire : « Ce stress ! Ce stress ! Ce stress ! » Puis dire à haute voix : « J’ai confié mon stress à ____________ (mon ami, mon jardin, ce rocher). Maintenant, je les laisse prendre ce stress pour moi ; comme ça il ne me reste plus qu’à __________ (prendre soin de moi, aller dormir, faire quelque chose, m’amuser). »
Pour prendre en charge le stress de quelqu’un d’autre, on peut dire : « J’ai l’habitude d’être stressé. Si tu veux, je peux m’inquiéter à ta place pendant quelque temps. Ensuite, si tu recommences à te stresser, rappelle-toi simplement que je le supporte bien pour que tu n’aies pas à le faire. Voir la vidéo [ENG] sur: Worrywart Power: Une stratégie de sécurité émotionnelle pour tous les âges.
10. ‘ Partir avec amour ou affection ’ pour éviter un conflit qui n’a pas de solution, du moins à ce moment-là. Si quelqu’un a une attitude toxique et / ou abusive physiquement, on peut décider de se protéger émotionnellement le temps de s’éloigner du conflit et de partir avec affection.
Pour pratiquer, avec un partenaire ou un miroir, imaginer qu’un proche en colère lance : « Je ne t’aime pas ! » Supposons que ces mots provoquent une déflagration intérieure, au point que notre corps se recroqueville et qu’on gémit en disant : « Aïe ! Mon ami ne m’aime plus. Qu’est-ce qui cloche chez moi ? »
Maintenant, supposons à l’inverse que ces mots provoquent une explosion de rage, et tandis qu’on menace du poing fermé, on crie : « Hé ! Comment oses-tu me dire ça ! »
Il est probable que ces réactions feront grossir le problème. Pour éviter cela, s’entraîner à s’éloigner physiquement pendant qu’on dit clairement, calmement et avec respect : « Ca me fait de la peine de te voir dans cet état-là car tu comptes pour moi. On se reparlera plus tard. »
Dans nos ateliers Kidpower, avec des rescapées de violence conjugale ou d’agression lors de rendez-vous sentimentaux, on s’entraîne à dire calmement en s’éloignant : « Je t’aime. Je n’ai jamais fait les choses horribles que tu dis… On en reparlera plus tard quand on sera plus calme tous les deux. »
Dans une situation dangereuse, on est parfois amené à mentir et à dire ce que la personne veut entendre afin de s’échapper pour aller dans un endroit plus sûr. ‘ Partir avec amour et affection ’ dans le milieu professionnel peut vouloir dire changer d’entreprise ou de poste de façon positive.
11. ‘ Changer son angle de vue ’ aide à voir une personne, une relation, une qualité ou un problème d’un point de vue positif plutôt que négatif. Au lieu de « Je dois.. », plutôt se dire « J’arrive à… »
Au lieu de dire « Je ne peux pas… », plutôt se dire « Je n’ai pas encore appris à … ».
Voici une histoire vraie sur comment changer son angle de vue : Round Like A Full Moon. [ENG]
12. Écouter avec les ‘ Yeux du cœur ’ pour entendre avec compassion. On peut décider de NE PAS prendre personnellement les choses si un proche a une attitude blessante ou agaçante. Accepter que quelqu’un ne veuille pas s’aider lui-même peut nous aider à abandonner des émotions de contrariété, tout en fixant des limites si nécessaire.
On ne peut pas choisir le comportement de quelqu’un d’autre. Mais on peut choisir notre réaction à ce comportement.
Pour pratiquer, dessiner un cœur avec ses mains et regarder à travers pour voir l’autre personne avec les « Yeux du cœur ». Cela aide à se rappeler pourquoi cette personne est importante à nos yeux. Voir : L’histoire à succès « Eyes of Love » de Kidpower ! [ENG]
Article publié en anglais : 22 janvier 2021 | Dernière mise-à-jour : 8 septembre 2021 | Lire la version originale anglaise
Article publié en français : 04 octobre 2021 Dernière mise-à-jour : 04 octobre 2021
À propos de l’auteure
Irene van der Zande, Fondatrice de Kidpower® et directrice générale de Kidpower International depuis ses débuts en 1989. Irene van der Zande est passée maître dans l’art d’enseigner la sécurité à l’aide d’histoires et d’exercices pratiques ainsi que dans l’art d’inspirer d’autres à faire de même. Son expertise en matière de protection de l’enfant et de la sécurité personnelle en général a été mis en lumière dans de nombreux médias : USA Today, CNN, Today Moms, LA Times et The Wall Street Journal.
Elle est également l’auteure de nombreuses publications. Certains titres forts demandés sont :
- la série des Kidpower Safety Comics
- les séries de livres d’animation pédagogique Kidpower Teaching Books et Kidpower Social Stories
- le livre Bullying: What Adults Need to Know and Do to Keep Kids Safe
- le manuel Relationship Safety Skills Handbook for Teens and Adults
- le livre Kidpower Book for Caring Adults: Personal Safety, Self-Protection, Confidence, and Advocacy for Young People
- le livre Earliest Teachable Moment: Personal Safety for Babies, Toddlers, and Preschoolers
- le manuel One Strong Move: A Cartoon-Illustrated Introduction To Learning and Teaching Self-Defense
- le livre ‘best seller’ sur Amazon Doing Right by Our Kids: Protecting Child Safety at All Levels